Comme un enfant dans la neige

Texte réalisé en atelier d'écriture à Friborug

Exercice de "dictée" d'image

Comme un enfant dans la neige, j’ai le pas sûr et sautant. De tas en tas, la poudreuse vole, le soleil brille. Comme un enfant dans la neige, je suis une femme dans un bain. La mousse légère me chatouille la peau. Je suis légère, moi aussi.

Des bulles volent. Par la fenêtre, les nuages et la pluie sont invisibles. Il n’y a que le soleil, partout, dans ma tête, au bout de mes orteils enfin réchauffés, comme si je les avais approchés d’un gros feu. D’une chaudière. D’un tas de charbon transformé en braises ardentes. Ça y est, c’est une locomotive qui m’emporte ! J’en caquèterais de plaisir comme une poule si je l’osais. Mais je ne suis pas seule. Dans la cuisine, de l’autre côté du mur, le grille-pain veille. C’est un être sournois, malveillant, prêt à réduire en charbon tout ce que je lui confie. Mais un charbon inutile pour une locomotive.

Je m’ébroue comme un ours pour chasser ces pensées sombres. Le bain me berce. La loco m’emporte. J’oublie le grille-pain et mes malheurs ménagers. C’est un instant à moi, rien qu’à moi. Comme une fleur, je m’épanouis. Un coquelicot pour être précise. Rouge de l’eau chaude dans laquelle je marine.

J’entends soudain un grand bruit ! Je sursaute. Un cri ! Un grognement ! Des pattes trainantes… Un T-Rex rôderait-il ?

Je me lève, dégoulinante, m’approche de la fenêtre. Dans le jardin, rien. Juste le nain à la brouette, sous l’arbre où je l’ai déposé. Un nain peut-il se mettre à bouger ?

La tête me tourne, mes idées s’embrouillent comme la palette de peinture d’un artiste fou, tout devient flou.