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Eloïse

Eloïse

Et ouais

Et c’est parti !

Le E déjà donne le départ. Il sonne, il annonce, il raisonne. Hé ! On l’appelle. ET, on attend la suite, on est impatient, on est prêt, on en veut plus. Le voilà qui s’avance, ses trois bras tendus vers l’avenir, fort et fier.

Mais, attends ! Ca y est, il hésite. Que faire de son accent ? Son compagnon, son chapeau, le toit qui couvre sa tête. Sans lui, il est nu ! Sans lui, il est autre. Sans lui, il est e.

Heuuuu…

Ca sonne moins ça. Ca donne moins envie.

Mais comme toute premier né d’un nom qui se respecte, mon é doit être majuscule. Sans ça, c’est petit, c’est riquiqui, c’est nenni. Il devient nom commun, comme étagère, égouttoir ou étrier. Comment se faire respecter sans son E ? Mais la loi le veut, à majuscule, point d’accent. C’est la règle monsieur. Les grands de ce monde se découvrent. Ne pas le faire serait commettre un impaire.

Alors mon nom commence par un conflit, insoluble. Un faux départ qui ne peut pas devenir juste. Un e déguisé en E par ses atouts majestueux. Ou un é véritable mais à jamais rabaissé ? Le E hésite. Son existence est en question, nulle issue à l’horizon.

Devant le chef indécis, qui manque de s’écrouler, vient alors à la rescousse le LO. C’est solide LO. C’est accueillant Hello ! C’est paisible l’eau. Ca coule sur la langue. Ca fait des ronds. Ca vibre. Comme le Ome d’un moine bouddhiste qui englobe le monde. C’est un home pour les vieux, qui accueille et tient chaud.

C’est beau ce LO. Il se passe d’ailleurs souvent du reste. Hello Elo ! pour les amis. L.O. pour les avatars qui se multiplient sur le web. LO quand les anglais ne savent pas comment prononcer ce premier e indécis qui menace de se transformer en i.

Le i.

Vient alors le i.

Et pas n’importe quel i ! Pas un i tout droit, qui se confond avec un L ou un 1. Pas un i banal, ici, s’il vous plaît. Un i des grands soirs. Un i qui crie, moi aussi ! Et qui par défi, à ses meilleurs ennemis brandit visibles et irréductibles, deux petits points impérieux. Point d’hésitation cette fois-ci. Ils doivent être deux pour faire face à ce traitre de O qui le mangerait bien pour en faire un Oi. Oiseau rôti, délicieux, fini. Non merci dit le i ! J’y suis, j’y reste. C’est ainsi.

Lassé de ces batailles de voyelles, le SE se prélasse en bout de chaîne. ZZZ comme un dormeur. ZZZ comme les mouches qui volent paresseusement sous le soleil d’été. Lové dans les méandres de son S, qui s’étire tel un fleuve tranquille, le e boucle la boucle. Il répond à son chef et aîné en début de file : pourquoi tant de bruit, de questions, d’hésitations ? Laisse tourner le monde et ses chapeaux. Descend de tes grands chevaux. Viens près de moi te reposer. Le S a deux sympathiques serpentins. A chacun le sien. Nous sommes si semblables. Soyons solidaires.


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