J’ai testé pour vous:Tomber malade en pleine canicule
- eloisevallat
- 21 sept.
- 2 min de lecture
Voici une semaine que je me tape le refroidissement de la décennie. En pleine canicule, il y a de quoi croire à une conspiration! Le nez enflé, transformé en usine à morve, j’assure à moi seule en une semaine le chiffre d’affaires annuel de Kleenex et consorts. Des mouchoirs humides au fond des poches, autour du lit, traînant sur la table de la cuisine entre un reste de pastèque et des serviettes de pique-nique ornées de flamants roses. Je ne saurais dire si la fièvre est réelle ou juste une extension sournoise de cette chaleur qui ne me lâche plus, de jour comme de nuit, et transforme ma toux en un bout de papier de verre qui me racle la gorge, des bronches aux amygdales.
A coup sûr, je serai sur pied pile à temps pour la rentrée!
Non contente de sentir mes sinus plus chargés qu’une bétonnière ronronnant à la reprise des chantiers, voilà que mes oreilles s’en mêlent. La gauche, plus précisément. Se bouchant de la mâchoire au piercing, par pure malveillance ou par solidarité avec mon nez transformé en fruit trop mûr. Me coupant de l’extérieur, mais juste à moitié. Juste assez pour sentir que je suis entre deux mondes. Celui du silence cotonneux de l’intérieur de mon crâne et celui qui chante à tue-tête sur le dernier tube de l’été. Soudainement, il me semble avoir été catapultée dans un pays étranger où tout le monde baragouine dans un dialecte obscur. Comme Mamie, je fronce les sourcils, je tourne la tête et demande de répéter dans ma bonne oreille les questions si difficiles à comprendre. Réduite à jouer une triste représentation du professeur Tournesol sans son cornet acoustique, je me sens pataude et sans cesse hors sujet. Un peu comme ces bouts de poires en boîte qui baignent au fond du plat de salade de fruits et que personne ne veut jamais finir.
Terrible injustice
Me sentant aussi vaillante qu’un légume trop cuit au fond de ma chaise longue, la vie me semble bien injuste. Déjà que les vacances sont toujours trop courtes, voilà qu’on me prive des derniers jours, qui auraient dû être vécus avec une ferveur décuplée avant le retour au train-train quotidien. A coup sûr, je serai sur pied pile à temps pour la rentrée! Débarrassée de mes bouchons d’oreilles pour les remplacer par un casque antibruit pour échapper à la foule des pendulaires. Ayant retrouvé ma voix pour n’avoir plus que mes collègues à qui raconter des vacances tristement amputées.
Les refroidissements en pleine canicule, on n’y pense jamais. Quand ça nous tombe dessus, on se retrouve tout surpris de se rappeler que les ronces ne sont jamais loin des fruits sucrés de l’été. Et du fond de mon jardin, je n’ai plus qu’à me resservir un grog à la place du spritz et à sucer des bonbons au Carmol à la place des glaces à la fraise. Ce serait à en pleurer de rage, si mes sinus n’étaient pas plus bouchés qu’une autoroute à la fin du mois d’août.
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