Là, j’aurais besoin d’un jourjoker.
- eloisevallat
- 28 sept.
- 2 min de lecture
Ne pensez-vous pas que la société irait bien mieux si on avait tous et toutes droit à des jokers pour les jours pourris? Les jours où, en ouvrant les yeux, on sait déjà que ça va être le calvaire jusqu’à ce qu’on les referme. Les jours où la première chose qu’on fait, c’est se brûler la langue avec son café. Quand le premier rendez-vous du matin est notre contrôle annuel chez le gynécologue. Quand notre tupperware ne nous promet que les restes d’un repas vieux de trois jours, qui n’était déjà pas une réussite en sortant du four et qui, contrairement aux litres de vin qu’on rêverait d’avaler, n’a aucune chance de s’être bonifié avec le temps.
Qu’on laisse de temps en temps les verres à moitié vides se vider pour de bon
Même le plus béat des imbéciles heureux ne peut y échapper. Il y a des jours où l’univers vous fait comprendre qu’il ne vous a pas à la bonne et que vous allez en baver. Que non content de marcher dans une crotte de chien, vous allez glisser, vous étaler et vous en mettre partout. Alors, ces jours-là, à quoi bon se battre? Pourquoi ne pas capituler et d’un coup de pouce bien senti laisser ce message à votre patron, à votre famille, à vos amis et à la terre entière, un message qui dirait: «Votre interlocuteur est momentanément absent, merci de rappeler demain.» Et le monde s’effacerait comme par magie, sans la moindre question, pour alléger de son mieux ce ciel de plomb qui bouche votre horizon.
A bien y réfléchir, ces jokers permettraient aussi d’éviter les dégâts collatéraux. Parce que se lever du pied gauche, c’est une chose. Mais servir de béquille à ceux qui ont raté le saut du lit, c’est une véritable corvée. Ne prenez pas votre air de bouddha zen, personne n’est dupe: il n’est pas né celui qui choisira pour vocation de supporter la mauvaise humeur de ses semblables. La gueule d’ado en pleine crise existentielle de votre collègue qui plombe l’ambiance du bureau. Les flots de larmes de celle qui n’arrive plus à suivre ses poussées d’hormones. Les remarques gratuites qu’on se prend de la part de parfaits inconnus mal lunés. Pour le bien de tous, osons admettre qu’abandonner les gens de mauvaise dans leur coin serait gagnant-gagnant. Qu’on laisse de temps en temps les verres à moitié vides se vider pour de bon. Un grand nettoyage par le fond, ça peut faire du bien.
Un peu de répit
Evidemment, si après l’orage, c’est la tempête qui prend le relais, il faudra changer de tactique. Appeler des professionnels, des gens en blouse ou en ciré jaune qui sauront écoper et construire des digues. Qui prendront le relais des jokers, avec un air plus sérieux et quelques numéros d’urgence au fond de leur téléphone, de ceux qui restent atteignables en permanence. Mais avant de sonner l’alerte générale, laissons à nos élans bougons et grincheux un peu de répit. Un jour de mauvaise humeur bien vécu peut se révéler être le plus sûr chemin vers un bonheur durable.
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