Foutu pour foutu, pourquoi ne pas baisser les bras ?
- eloisevallat
- 20 sept.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 sept.
L’opinion médiatique est unanime : la fin du monde est à notre porte. Politiciens démagos à notre gauche. Intelligence artificielle prête à asservir l’humanité à notre droite. Glaciers et montagnes qui s’écroulent droit devant. L’avenir prend des airs de symphonie apocalyptique.
Les fesses un peu molles bien calées dans un fauteuil, vous vous dites: à quoi bon ?
Le monde est foutu, la ritournelle tourne en boucle sur toutes les chaînes d’information. Même en éteignant la radio, la télé et votre smartphone, vous continuez à la chanter à tue-tête sans pouvoir rien y faire. A l’avoir trop entendue, vous connaissez la chanson par cœur, le répertoire complet y passe sans la moindre fausse note. Des tubes indéboulonnables qui parlent de guerre, de cataclysme, de mort et d’impuissance. Des mélodies qui prennent toute la place et réduisent les valeureux élans de votre conscience à des vagissements incompréhensibles. Car à chaque fois que vous vous ramener avec un effort, un espoir ou un début d’optimisme, vous vous faites rabattre le clapet en moins de temps qu’il n’en faut pour cliquer sur le dernier gros titre alarmiste de votre fil d’actualités.
Alors, les fesses un peu molles et bien calées sur un fauteuil ou derrière un volant, vous vous dites : à quoi bon ? A quoi bon s’appliquer à remplir ses tupperware de carottes et de lentilles alors que la Terre pourrait être annihilée demain par le caprice d’un dictateur mal luné ? Pourquoi minuter vos douches et règlementer votre consommation d’eau chaude puisqu’apparemment à chaque fois qu’on demande un truc à Google ou Chat Gpt on grille plus d’électricité que notre bon vieux boiler ? Quelle différence peut bien faire votre bac de composte suintant et puant quand un nouveau continent de plastique pousse tranquillement au milieu de l’océan ?
Foutu pour foutu
Devant l’ampleur de votre impuissance, vous auriez bien le droit de baisser les bras. D’arrêter d’être la bonne poire de service, de vous payer un weekend à Barcelone et une nouvelle garde-robe. De vous goinfrer de Nutella bourrée d’huile de palme et de savourer du saumon fumé importé d’Alaska. De planter là cette conscience encombrante pour se lancer dans une farandole fiévreuse de vie parce que, foutu pour foutu, autant en profiter avant que le disque ne déraille et qu’on finisse tous dans le décor.
C’est sûr que votre petite vie et vos petits choix, tout vertueux qu’ils soient, ne changeront rien au grand schmilblick. Mais tout aussi tenace que l’appel du chaos, vous avez dans v
otre tête une petite voix qui ne lâche jamais l’affaire. Qui, comme un enfant sourd à toute logique n’arrête pas de demander pourquoi et de refaire le monde avec des si. Qui, parce que minuscule et bien planquée ne voit rien de ce grand tout si lourd à porter. Qui vous dit que les journaux et Internet peuvent bien raconter ce qu’ils veulent, ça ne vous dispense pas de recycler vos déchets et de manger vos légumes.
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