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Départ

Il y a longtemps, j’ai voulu partir.

Non pas partir pour aller ailleurs, ou ne plus être là. Non pas partir avec fracas, tragédie ou soulagement. Partir sans intention, sans but. Juste partir parce que dans la vie, on ne peut pas toujours rester là, planté au même endroit. Partir parce que tant qu’on est vivant, le mouvement l’emporte sur l’immobilité.

J’ai voulu partir, donc.

De ma maison ou de l’école, je ne sais plus trop. Ce que je me rappelle, c’est que pour partie, il me fallait faire un premier pas. Et c’est là que tout se brouilla. Pied gauche? Pied droit? En avant? En arrière? En regardant par terre? De côté? En fermant les yeux?

Tout à coup, le fracas des milliers de possibles me stoppa net dans mon élan! Jaillissant hors de mon crâne, mon esprit recouvrit en un instant l’univers entier. De la poussière du chemin à celle des étoiles, voyant avec netteté chaque grain, chaque atome. Ma pensée, libérée d’un corps pesant, se mit à courir, à parcourir, à sauter, à danser, à voler, à virevolter. Mouvement pur. Mouvement fluide. Mouvement perpétuel.

Il y a longtemps, j’ai voulu partir. J’ai réussi, mais pas comme prévu. Mon esprit s’est envolé. Mon corps est resté. Pour lui, plus rien ne bouge. Il se repose dans une jolie boîte sous un gros tas de terre


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